Aniruddha Kudalkar,
Décompositions
Exposition photographique
Le parcours photographique d’Ani Kudalkar épouse intimement son cheminement professionnel et géographique. Étudiant en architecture à Bombay, où il est né, ses premiers travaux photo captent des suivis de chantier, fixent des édifices, contemporains mais aussi plus anciens, tels ces temples du nord de l’Inde pour lesquels il fournit dessins cotés et photographies dans un cadre archéologique. Toutes vues d’ensemble, façades et détails, d’où ressort un intérêt particulier pour l’architecture dans ses dimensions graphiques et géométriques, les perspectives ombrées et les textures des matériaux. À Paris, où il se forme à la photographie argentique puis à la scénographie d’équipement culturel, s’il explore de nouveaux objets picturaux tels le corps, le regard, qu’il expose sous forme d’installations, il continue de documenter les chantiers, les livraisons et les salles de spectacle, lesquelles, désertées par la crise sanitaire, ossatures vidées de sens et criantes de vide, fourniront le matériau à son exposition « En attente ».
Dernière étape, dernière escale, Douarnenez, où il s’installe en 2013. Une rencontre marquée par une proximité, toute nouvelle pour lui, avec la sphère maritime. « Bombay est aussi une ville portuaire, explique-t-il, pourtant cette dimension y est moins apparente, le port de Bombay est ainsi quasiment inaccessible, invisible, emmuré. » À Douarnenez, les bateaux sont partout, en toute proximité. À quai, dans les ports, en cale sèche, pourrissant dans un cimetière, en construction ou réfection dans les chantiers ouverts qui longent le Port-Rhu, fourmillant lors des fêtes maritimes. Il y met un pied à bord et aussi la main à la pâte. Sa fascination pour les matériaux y trouve un nouveau sens, sinon existentiel du moins métaphorique, celui du cycle généré par l’érosion de la mer et du temps, du vieillissement des structures, du savoir-faire et des usages séculaires. Un écho renforcé par le lexique commun à la marine et au théâtre et leurs superstitions partagées.
« Décompositions » est pétrie de cette observation, regard posé sur le phénomène tel qu’il s’exprime dans la matière, le bois.
Cadrages serrés, composés, graphiques, relevant lignes, courbes, et couleurs, où l’objet bateau se dissout parfois.
Cadrages serrés pour exprimer, comme autant de superpositions, la fibre, les traces de la main de l’homme, assembleur, le passage du temps et du sel.
Une superposition prolongée par le choix du support : ses photographies sont imprimées directement sur bois (contreplaqué de bouleau ou peuplier) afin d’entremêler nervures et fibres et d’en exprimer le grain.
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